De la psychomachie sardonique

4.48 Psychose

© Nicolas Descôteaux

Il y a un air de Laura Palmer chez Sophie Cadieux, porte-parole de l’écorchée vive S. K., un air de victime impropre, et la même voix – tue – de celle qu’on n’entend que dans les soubresauts du désespoir. L’aura lynchéenne qui baigne le plateau rouge (à l’image du sang qui se verse à la mesure du temps qui avance) sertit la parole de cette femme lucide, la décloisonne littéralement en ouvrant le plateau progressivement, semblable à un monde utérin et chaleureux dans lequel s’engouffre la fin d’une vie. L’ingéniosité du dispositif scénique est à souligner, clairvoyant dans cette façon d’exposer la lucidité du texte face à un réel brumeux, habile quand il montre l’obscur au moment même où Sophie Cadieux a la lumière braquée sur elle, en Phaéton féminine. Néanmoins le déroulement de la pièce est par trop visible, un tracé lisible qui exécute la partition mais qui désamorce l’exécution, desserrant le garrot quand vient la piqûre.