Quand elle dépose le masque du clown-philosophe Sol, Marie Thomas monte sur scène sous une nouvelle persona qui fait toujours aussi bien pétiller le langage et sortir de leurs gonds nos mornes préjugés. « Ridiculum Vitae » est un antidote à la morosité qui se plaît à faire éclater d’invincibles bulles de poésie de façon inattendue, dans les creux et les détours du verbe. L’œuvre de Jacques Bonnaffé s’incarne à merveille dans le souffle continu de la comédienne et sa complexité résonne jusque dans les subtiles interventions de Sébastien Mesnil au piano. Structurée par la mise en scène au cordeau de Michel Bruzat, la pièce nous arrache de la torpeur du quotidien pour nous élever tout à la fois en deçà et au-delà de la réalité. Pour creuser les mots et sonder les abîmes de leurs échos. Pour nous laisser bercer par un flot mélodieux et grinçant tout à la fois – car on y rit d’un éclat sonore aussi bien qu’on y pleure dans le plus grand silence.