Difficile de savoir si le titre désigne la source d’inspiration, le point d’origine des auteurs, ou l’union créative des différents artistes réunis par Ayelen Parolin. La forme qui jaillit de cette collaboration entre la chorégraphe brésilienne et les danseurs coréens propage sur scène une énergie captivante. Les corps bougent avec une puissance parfaitement contrôlée : les muscles bandés, le regard intense, les gestes précis et répétitifs, quatre hommes cherchent tout autant le contact qu’une forme d’introspection charnelle en exploitant des motifs chorégraphiques chamaniques. L’emplacement des bras ou encore la position rituelle des mains et de la tête évoquent des impressions éparses de danses sacrées et folkloriques issues de la péninsule asiatique. L’usage d’une robe aux allures traditionnelles (épousant les contours du « hanbok ») s’associe intelligemment à ce réseau de signes gestuels. Elle souligne tout à la fois l’ombre portée de cette culture codifiée et opaque qui résiste au spectateur occidental, tout en servant de levier transgressif en matière de rôles sexués. L’accompagnement live au piano et percussions réussi à souder l’ensemble grâce à une partition créée sur mesure. Cette dernière emploie notamment l’instrument à cordes jusque dans ses limites timbrales pour faire exploser et s’entrecroiser différentes atmosphères émotionnelles.