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Alima Hamel et Aurelien Bory ont choisi le noir pour raconter la vie de l’artiste franco-algérienne. Noirs les coups du père dessinés sur la peau. Noires les années de dictature algérienne qui assassinera la sœur adorée. Noire Médéa, petite ville des montagnes algériennes qui dévore ses enfants, dont la carte se dessine verticalement sur une immense toile tendue, grâce à un dispositif d’impression apparent, tout au long du spectacle, en un trait épais. Debout devant cette carte en devenir, qui se précise au fur et à mesure que les souvenirs s’égrènent, l’artiste-poétesse parle, en français, de son histoire, en un récit précis, presque détaché. Et lorsque s’élève, en arabe, le chant aux accents soufi, plainte douloureuse et émouvante,  la langue apparaît aussi comme une frontière, comme si la souffrance des enfants de Médéa ne pouvait réellement s’exprimer que dans leur langue natale. “Médéa Mountains” dessine ainsi brillamment une “cartographie de la mémoire”,  les souvenirs intimes se révélant irrémédiablement liés à la terre et à son histoire.