(c) Christophe Raynaud de Lage

Une partie de Patrick Corillon est restée dans la forêt de « Pelléas et Mélisande », qui l’a tant marqué quand il avait douze ans. Avec ce florilège de quatre œuvres aux frontières du conte et du théâtre d’objet, « Portrait de l’artiste » est la démonstration que le minimalisme – faussement naïf – des petites formes issues de l’enfance ont la capacité d’emplir l’espace du rêve : autobiographiques ou fabulaires, elles convoquent un imaginaire à trous que chacun a le loisir de combler selon sa sensibilité. Dans « Le Dessous-dessus », c’est à un périple tactile et individualisé, dans la pénombre, que chaque spectateur est convié, reconstituant avec un délicat micro-paysage de fils et de perles une aventure légère, enfantine, à la fois symboliste et paréidolique. Dans cet espace-temps intime si singulier et fragile, ce n’est pas tant l’onirisme des mots que le ludique du dispositif qui parvient à créer un moment de ce que Corillon appelle justement « complicité », dont l’étymologie est ici fertile : le « cum plex », ce qui est plié ensemble, convoque l’image de gamins planqués sous une même couverture et jouant à se raconter des histoires.