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Surnage dans ce « Marguerite le feu » une sacralisation sincère du théâtre comme navire propice à ranimer les braises. Ici celles de Marguerite Duplessis, première esclave autochtone à avoir clamé sa liberté, dont le fantôme palpite parmi le quatuor de femmes qui l’invoquent. Le régime du chœur est reprisé avec peu de flammes nouvelles : la parole est distribuée sans apparente nécessité (la singularité des personnages, présente dans le texte d’Émilie Monnet, n’est pas sensible au plateau), et la structure relativement linéaire redispose les corps mais pas assez les modes d’adresse. La mythologisation reste alors dans dans le cap attendu de l’informatif et de l’imprécatif. La scénographie maritime semi suggestive, matiérée par une vidéo à fond de cale, enfreint aussi la vitalité du geste. Trouver un endroit de connexion contemporain, et donc plus performatif, avec Duplessis aurait permis d’observer la résurgence de son feu dans les corps en présence. À défaut, nous n’avons de l’incendie politique qu’un signe somme toute matériel : un manteau à franges couleur dragon, propice à un transport corporel trop vite éteint.