(c) Victor Hadrien

Euphrate est turco-normande, et cela suffit bien à sa peine. C’est à une courte tranche autobiographique, de ses 17 à 28 ans, qu’elle nous convie dans un monologue exalté. Peu performante dans un système éducatif qui broie les classes populaires, mais issue d’une famille pour qui la méritocratie scolaire reste une valeur forte, elle tergiverse sur son avenir et s’interroge sur ses origines : « Tu fouilles dans mon passé car tu es incapable de t’occuper de son futur », lui assène le père, qui n’a jamais cru bon emmener sa fille dans son village montagnard proche de la frontière. Et à défaut de Syrie, c’est vers Siri qu’Euphrate retourne ses questionnements. Campant tous ses personnages, pleinement présente dans l’occupation du plateau, Nil Bosca réussit le pari d’un spectacle sur la jeunesse et l’identité certes feel good et plutôt conventionnel mais qui s’avère aussi une jolie exploration de psychogénéalogie laissant la part belle à l’expression chorégraphique. Et, en creux, laissant s’échapper un appel à cette part de notre enfance qui sait très bien où se situe notre plus juste endroit.