Vie buissonnière

Dominique toute seule

© A.Piemme-AML

Certains spectacles jeune public ont une qualité rare : leurs racines plongent dans l’enfance pour rejaillir avec force devant nos yeux d’adultes. Dans cette journée in wonderland, Dominique, licenciée d’un improbable travail dans une usine de tuiles, chemine dans une forêt bienveillante qui accueille son errance. Héroïne d’une fable symboliste très maeterlinckienne, Dominique désamorce les enjeux narratifs et les pièges ontologiques, mais il n’y a chez elle aucune stratégie de contournement : elle vit, voilà tout. Elle mange de l’herbe, chante du Céline Dion avec un menhir et s’endort sous une lune multicolore. « Dominique toute seule » fait de l’art du déplacement – dans tous les sens du terme – une ode à une liberté tout droit issue de l’enfance. Marie Burki, servie sur un plateau par les délicats et drolatiques Garance Durand-Caminos et Tom Geels, est parvenue à créer un gracieux geste poétique, qui rappelle que, comme disait Maeterlinck, « l’éternité n’est jamais autre chose que le moment où je suis ».