(c) Simon Gosselin

On avait hâte de retrouver le travail de Marc Lainé après “Vanishing Point”, en 2015. La déception fut d’autant plus rude devant cette nouvelle création, collage hétéroclite d’idées recyclées des années 1980 qui tombe totalement à côté de la plaque.

La tendance à intégrer des prises de vues tournées en direct à même le plateau s’étant répandue comme une traînée de poudre ces dernières années, on ne s’attendait certes pas à être bouleversé·e·s par une inventivité folle. On s’attendait, en revanche, à une relecture des mythes horrifiques comme a pu proposer le cinéma de genre avec des films comme “Grave” ou “La Nuit a dévoré le monde”. L’idée même nous semblait plaisante, sorte d’hommage au cinéma gore que regardaient nos parents en VHS et dont on apercevait des bouts, planqué·e·s derrière la porte du salon.

Hélas, trois fois hélas, “Hunter” attrape la culture populaire que le spectacle semble revendiquer par le mauvais bout, celui de la moquerie. Le charme du nanar d’horreur vient précisément de toute la mythologie qu’il véhicule, images crades vues en contrebande dans le dos des parents. Et c’est en tentant de déconstruire le mythe que “Hunter” rate son coup. Loin de susciter la tendresse, les incrustations sur fond vert d’une rare laideur et les maquillages à l’avenant suscitent le rire goguenard d’une partie du public. Le vernis psychanalytique passé dans la dernière scène comme un coup de polish pour sauver les meubles ne ressemble qu’à un cache-misère.

Notons cependant le formidable travail sur la musique de Superpoze, travaillant en live et à vue, qui propose à lui seul une bande originale impeccable sous l’influence de John Carpenter période “Fog”. Avec un bémol sur les chansons intégrées à la pièce (et qui, elles, sonnent comme une parodie de Juliette Armanet), “Hunter” n’est pas un spectacle à voir mais un spectacle à écouter, et la révélation au grand public d’un bel artiste de la scène éléctronique.