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Narcisse

Narcisse

D.R.

Une voix grave, mesurée et posée. Un crâne rasé. Ce Nosferatu version xxie siècle, c’est Narcisse. Ici, au théâtre Au coin de la rue, il nous offre la découverte d’une nouvelle forme théâtrale, moderne et innovante : un théâtre numérique ! Il ne se sert pas des écrans comme de simples supports mais en fait bel et bien les acteurs principaux de son spectacle.

Ici l’écran est omniprésent. Narcisse passe de la scène à l’écran, allant même s’imposer jusque dans notre smartphone. Ne cessant de briser ainsi les codes, il parvient à connecter la salle et la scène via les écrans. Il joue des barrières entre physique et numérique, entre l’humain et la machine. Narcisse se fait ici le représentant de notre époque, celle de l’image.

Il oppose ce surplus d’écrans et de technologie à son personnage froid et distant, socialement autiste. Ce personnage souligne à quel point ce monde d’écrans nous enferme et empêche tous rapports humains. Ici, il oppose le texte à l’image. Par la voix du slam, enchaînant des textes aussi drôles qu’intelligents, il fait le procès d’un monde qui oublie l’humain.

Il critique la surconsommation en se demandant « qui nous vend nos rêves », en s’interrogeant sur les réseaux sociaux, en rappelant que « tous les jours on voit des “J’Aime” mais jamais un “Je t’Aime” » ; le besoin de perfection et de technologie en inventant une iWife, ainsi que notre narcissisme en prônant « un monde meilleur, pas un monde de meilleur, on vit pas dans le “Guinness Book” ».

Le slameur nous met face à notre société et nous présente ses écrans comme des miroirs de nous-mêmes dans lequel se reflète le narcissisme de notre époque.

Par ce spectacle novateur et ultramoderne, Narcisse se positionne face à un monde de l’image de plus en plus oppressant, et rappelle que les mots sont ce qu’il y a de plus important ! Un mot a pouvoir de vie ou de mort. Rien n’est plus capital et nécessaire que la parole. « Partout où il y a des morts, il y a des mots. »