Monde de merde

Sous la glace

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D.R.

Un spectacle sur la déshumanisation de l’être humain, les affres de la communication à outrance, la recherche du toujours plus, de l’efficacité, le refus de la singularité, l’obligation de correspondre à une norme bien définie, limitée. On en a tous vu, des foules de costards noirs dans les aéroports, des hommes d’affaires pressés qui semblent être des clones.

Falk Richter, toujours provocant, fait monter la sauce jusqu’à l’explosion. Ces hommes ne savent même plus s’ils existent. Perdus dans la froideur de leur époque, de leurs relations, ils sont devenus de glace. Tantôt ils ironisent, tantôt ils hurlent leur désespoir. Vraiment, si le monde ressemble à ça, on n’a pas très envie de continuer…

Les trois comédiens, qui incarnent trois consultants en entreprise, prennent ce texte à bras-le-corps et nous font ressentir fortement la violence de ce monde auquel on aimerait échapper. On a envie de se replier dans notre enfance, seul havre de paix.

Ce spectacle apparaît comme une mise en garde et nous amène à nous positionner sur l’humanité qu’on se choisit, ce qu’on veut être et ce qu’on ne veut pas être. Les acteurs, enfermés dans leur solitude, ne se parlent jamais directement mais se répondent en un écho désespéré. Il n’y a pas un gramme d’espoir dans tout ça. On en sort perplexe, avec la sensation d’avoir fait un mauvais rêve. Un spectacle éminemment politique qui dénonce la culture de l’entreprise, le management et ses dérives, jouant sur les stéréotypes, poussant chaque parole, chaque situation à l’extrême pour nous mettre en garde (sans nous faire la morale) contre le monde dans lequel nous risquerions de nous enliser.