Poissons pas solubles

Et les poissons partirent combattre les hommes

Et les poissons

D.R.

C’est au Festival d’Avignon, sous le stimulant mandat Baudriller/Archambault, que le public français découvrait la dramaturge et performeuse Angélica Liddell avec des spectacles radicaux comme « La Caza de la fuerza », « Maldito sea el hombre », « Todo el cielo », reçus comme de véritables coups de poing.

Revoici l’artiste espagnole, mais cette fois dans le OFF, à l’Alizé, avec un texte encore inconnu, « Et les poissons partirent combattre les hommes », une prose puissante et dérangeante comme à l’accoutumée sur l’état du monde actuel.

Deux voix masculines interpellent Monsieur la Pute pour l’avertir d’un édifiant fait divers : le cadavre d’un nourrisson de peau noire a échoué sur la plage au pied des touristes européens en train de bronzer sur le sable chaud. Des cadavres flottants d’hommes de peau noire, de migrants sans papiers partis rejoindre illégalement la côte espagnole et ayant fait naufrage, la mer en regorge. Les poissons les mangent et commencent à avoir des yeux d’humains. Angélica Liddell l’insurgée dénonce l’effroyable perte humaine inhérente à l’immigration clandestine et l’injustice de la pauvreté en général.

Si les spectacles que Liddell met elle-même en scène tiennent du happening un peu trash, celui d’Anne-Frédérique Bourget paraît moins offensif. Ses deux jeunes interprètes, Adrien Mauduit et Arnaud Agnel, possèdent un style de jeu très physique et le ton véhément, combatif qui sied tant aux textes rebelles et engagés de l’auteure, mais ils cherchent, trop souvent et à tort, à séduire par quelques effets dérisoires. Néanmoins, ils portent haut un message profondément humaniste qu’il est indispensable de faire entendre.