Déferlante pour icônes pop en détresses

Vivipares - Posthume (brève histoire de l'humanité)

Vivipars - Postume - Céline Champinot

A la Loge, le groupe LA gALERIE mené par Céline Champinot joue les prolongations de son irrésistible “Vivipares” avec “Posthume (Brève histoire de l’humanité)”. Une seconde mi-temps aussi brillante que la première, mais aux échos plus profonds, voire mélancoliques.

Il faut admettre qu’on était bien tous resté sur notre faim, quand s’était achevé “Vivipares” ce soir de mai dernier. Tellement suspendus qu’aucun de nous n’osait rompre le charme avec le conventionnel ”clap clap” de fin. Alors l’annonce de cet épisode 2 à la Loge, c’était comme découvrir qu’il y avait du rab de cheesecake au frigo. Pas de résumé des épisodes précédents, on se remate la saison 1 comme dans une soirée de « binge watching ». Plaisir de retrouver l’univers décalé de ces cinq actrices et de leur capitaine dans les différents tableaux (David Bowie en gare de Bourg-en-Bresse ; Charles Bukowski et son « fils-lourdement-t’handicapé » assassinés en Suède…). La langue de Céline Champinot passe du plus raffiné au plus trivial comme on sauterait à l’élastique. Après cette image de Judy Garland seule devant sa télé qu’on se souvenait être la dernière de “Vivipares”, on embraye sur deux séquences inédites, intitulées “Posthume”, qui nous mènent peu à peu vers le déluge et la fin du monde, les restes de l’humanité voguant sur une « Arche de la Défense de Noé ».

Conservant leur dispositif incroyablement généreux et libérateur, celui du théâtre que l’on croit voir s’inventer sous nos yeux où il suffit de dire une chose pour qu’elle s’accomplisse, le groupe LA gALERIE bondit de morceaux de bravoure pour les actrices en trouvailles scéniques délirantes, avec cette fulgurance imaginative qu’on retrouve chez les enfants dans leurs jeux de cours de récré. Mais alors que “Vivipares” nous faisait l’effet d’un shoot d’adrénaline théâtrale, “Posthume”, lui, laisse plus de place à l’introspection. Le temps se dilate, « l’enfant-t’acteur » a vieilli, David Bowie ne crie plus justice face à la mer, les morts et les regrets s’énumèrent. Quelque chose d’amer teinte cette seconde partie, comme le réveil d’un bad trip où l’on prendrait conscience qu’on aurait non seulement saccagé sa chambre d’hôtel, mais aussi mis le feu à la forêt. Céline Champinot nous laisse ainsi flotter à la dérive sur ce radeau, avec notre détresse commune de lendemain de fête, cette fois aussi tellement suspendus qu’aucun de nous n’ose rompre le charme. Alors vivement la saison 3 ! Vivipares on Mars !