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Michael Kanan & Jordi Rossy / DR

Comme chaque été, à l’heure bleutée du crépuscule, sur la terrasse de la Pedrera de Barcelone résonne le groove de l’un des groupes invités pour les “Noches de verano”. Samedi 20 août, ce furent les douces réminiscences de l’âge d’or du jazz portées par le Michael Kanan et Jordi Rossy Quartet.

Emblème architectural de Gaudí à Barcelone, la Casa Milà connut comme le reste de l’oeuvre de l’architecte catalan une controverse fameuse, de par sa modernité excentrique. Ce fut ainsi que cet incroyable hôtel particulier, achevé en 1910, fut surnommé peu affectueusement “La Pedrera” (“La Carrière”). C’est sur le toit, entre les cheminées de pierre semblables à des masques, qu’une petite scène est montée chaque week-end de mi-juin à mi-septembre, pour 1h de concert couplé à une visite du dernier étage-musée du bâtiment.

Ce soir-là, c’est à du jazz très classique que nous sommes conviés, avec un hommage de Kanan et Rossy au grand compositeur américain Harold Arlen (auteur, entre autres, dans les années 30, de “Stormy Weather” et “Over the rainbow”). Ici, pas d’esbrouffe ni de chichi néo-bebopien. Un jeu simple et sobre, tout en douceur tranquille, auquel nous avait déjà habitué le pianiste Michael Kanan comme arrangeur et accompagnateur de Jane Monheit. Au vibraphone, le polymorphe Jordi Rossy (qui a longtemps été batteur pour Brad Mehldau, excusez du peu) a préféré les séries de petits riffs aux grandes arabesques auxquelles convie parfois son instrument. Côté section rythmique, deux vieux solides briscards américains de près de quatre-vingt balais, Putter Smith et Jimmy Wormworth, confortent une atmosphère moelleuse qui sied particulièrement à l’incroyable lieu où se déroule le concert. Mention spéciale à “Let’s fall in love” et “That old black magic”, tout en dentelles.

Une semaine plus tard, retour sur la terrasse de pierre pour le Marc Ferrer Trio. Une session nettement plus bluesy, portée essentiellement par le guest Gianni Gagliardi : le saxophoniste de 29 ans, né à Barcelone mais vivant à New York, apporte un son suave et élégant, tout en finesse, pour une alternance de standards upbeat à trois accords et de balades issues de l’album “3 Coffees” (Marccato Edicions). Alors évidemment, dans un concert comme dans l’autre, on ne trouvera pas ici de morceau de bravoure, pas de prise de risque ni de créativité débordante, mais un solide cocktail jazz parfait pour déguster son verre de cava tout en contemplant la vue magique des toits de Barcelone.

Noches de verano, du 17 juin au 10 septembre 2016, organisées par la Fundación Catalunya-La Pedrera, Barcelone.