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Émouvant retour que celui de Phia Ménard en ce début d’hiver aux Subsistances. Le Laboratoire International de Création Artistique lyonnais avait en effet été en 2008 le premier lieu à lui ouvrir ses portes, et ainsi à lui permettre de créer P.P.P (“Position parallèle au plancher”). Ce fut une réussite, car huit ans plus tard, le spectacle tourne toujours et la dramaturge-performeuse fait désormais partie des “grands”.

À l’époque déjà, elle appréhende la matière comme un médium du corps : une exploration, une douleur, une nécessité et une mise en danger au risque de mort. Ici, la glace fond comme la colère devient larme lorsque la douleur explose. Elle s’éclate en grands fracas sur le sol comme autant d’épées de Damoclès qui manqueraient leurs cibles. Les cristaux marquent sa peau nue de rouge. Les boules gelées sautent d’une main à l’autre comme autant de détours et retours dans le dialogue et tournent comme l’infinie répétition des choses.

Avec ses défauts, ses répétitions et ses longueurs, cette démonstration criante de vérité contient autant de violence que de beauté. À mi-chemin entre le cirque, la danse contemporaine et la performance, l’artiste témoigne de son changement d’identité par cette immense métaphore de la complexité de la matière. Et c’est finalement cette complexité, qu’il faut appréhender malgré tout, car si les gestes peinent parfois à dire leur sens, ils en ont bien un. Comme elle le dit si bien :  “Nous n’inventons rien, nous le voyons différemment”.