Machine à rejouer le temps

1985... 2045

© Philippe Pache

Tout commence par un mur qui s’effondre. Peut-être celui de nos certitudes et de nos représentations du temps. Or les débris assemblés et réorganisés de cette cloison vont servir à reconstruire un chemin qui va vers l’harmonie des générations. Trois acteurs nous parlent des problématiques liées au temps qui passe. La discussion naît du décalage, celui d’un vêtement qui ne semble pas appartenir à la bonne époque. L’apparence est donc le premier marqueur temporel. La mode et, à travers elle, les différents modes de vie qui en découlent. Très vite, la discussion déborde du plateau vers la salle. Les opinions fusent, les concepts s’agitent, les paradoxes s’affinent et les questions pointent leur nez. Une, notamment : « Est-ce que c’était mieux ou moins bien avant ? » Impossible d’en être sûr puisqu’on n’y est plus, ou qu’on y était pas encore. Que faire alors ? C’est là que le théâtre a son mot à dire et son rôle à jouer. Le temps, il faut se le représenter. On joue alors, pour replonger dans le passé, et on reconstitue 1985 avec des bribes de souvenirs, de la musique, des costumes et des objets emblématiques qui feront bien sourire les adultes (et laisseront perplexes les plus jeunes) pour voir ce qui s’y passait. Et là, stupeur ! On a beau remplacer le MP3 par un baladeur et le laptop par un minitel, c’est toujours le même engouement pour les nouvelles technologies. Dans cet univers nostalgique règne l’espoir et la fascination envers le futur, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Pas si facile de se projeter. Alors on continue à jouer, à utiliser les outils du théâtre, à se représenter le temps, à imaginer ce que 2045 pourrait être. Et là, loin du bonbon acidulé qu’était la joyeuse boom des années 80, c’est face à un inconnu bien plus anxiogène que nous nous tenons car à présent l’avenir se dessine sur fond de crise économique et de réchauffement climatique. C’est dans l’aveu de la peur des générations futures, comme d’une peur du noir pour grandes personnes, que se dessine la solution : celle de leur faire confiance, celle de leur apprendre à ne pas se laisser porter par le courant mais de décider eux-mêmes de quoi sera fait leur époque. « 1985… 2045 » est une belle leçon de relativité. Il invite les générations à dialoguer entre elles avec humour et bienveillance, pour que chacune prenne conscience du rôle qu’elle a à jouer dans le grand drame de l’humanité.