© Pierre Planchenault

Meytal Blanaru est une danseuse extraordinaire. En choisissant de dévoiler son corps, dans ce nouvel opus intitulé “Dark horse”, elle nous convie en réalité à plonger un peu plus profond dans les tréfonds de son âme. C’est dans ce paradoxe que réside la force de son travail.

Chez Meytal Blanaru, tout part d’un regard. Les mouvements du corps, lents et précis, ne sont que le déploiement visible et superficiel d’une incandescence intérieure dont les yeux, lumineux et envoûtants, se font le pur miroir. Impossible de quitter ce regard quand bien même le corps se dénude, laissant apparaître un phénix étirant ses ailes sombres sur la poitrine. La danseuse nous invite littéralement à entrer dans cet espace intime où le corps s’expose avec ses stigmates et ses imperfections. Elle nous provoque dans ce corps-à-corps inégal, reproduisant, sur le plateau lactescent, la fascinante chorégraphie d’un combat intérieur. Lorsque le corps se détourne pour atteindre l’autre partie du public, c’est le dos d’un(e) combattant(e) qui apparaît. Ce corps est tous les corps, à la fois féminin et masculin.

Tout le travail de Meytal Blanaru semble fondé sur la Relation. La relation à son propre corps, que la danseuse explore intensément, mais aussi la relation aux autres. Tant de danseuses et de danseurs exécutent leur travail dans une solitude dont seul l’applaudissement final du public parvient à les extraire… La danse de Meytal Blanaru, elle, n’existe que dans ce lien qu’elle instaure avec son public ; elle est tout entière dans ce regard qui vous prend et ne vous lâche plus, même lorsque le visage se détourne le temps d’un combat. Et c’est sur le plateau, c’est ici, pour reprendre les mots du poète Paul Éluard, que la clarté livre sa dernière bataille.