Entre théâtre, danse et performance, la particularité du projet est d’être une rencontre entre un ancien détenu et un comédien. Il s’agit de donner à entendre une parole qu’on n’entend pas ou très peu, surtout directement, dans un registre de création où le travail sur l’image et le geste est fondamental.
Ce qui nous importe, c’est de remettre en jeu sur le plateau la rencontre que nous avons vécue en détention en donnant des ateliers de théâtre. Des personnes avec leur parcours singulier, incarcérées, et nous personnes au parcours singulier aussi, metteurs en scène de théâtre, tous réunis dans ces bâtisses de privation de liberté. Quels effets sur la pratique du théâtre ? Le sens qui s’en dégage ? L’énergie à jouer ? Quelle rencontre entre nos deux mondes ?
Mondes qui auraient très peu de chances de se rencontrer sinon. La partie de la population qui est sous les verrous n’est pas la partie de la population qui fait du théâtre. Sauf exception. Ce qui nous intéresse, c’est de travailler sur tous les impensés, les inconscients, les non-dits de cette mise en présence. Comment le corps, l’image et ce qui se dit sur le plateau viennent créer une forme scénique autour du vécu de ce que peut être la prison ? Comment mettre en lumière les fantasmes, les sentiments intimes dans leur lien intrinsèque avec des questions sociétales ?
Nous passons par le mouvement et la transformation du réel, un plateau où tout est suspendu, des costumes, des fards, un univers sonore baigné de combats politiques.
L’expérience de vie et de théâtre que ce spectacle représente nous fait penser que c’est là que réside le sens de notre pratique. Travailler sur la rencontre nous donne le sentiment de chercher une essence du théâtre. Le théâtre comme lieu de la rencontre. Une rencontre entre des acteurs de différents milieux sociaux et avec différentes trajectoires. Et des parcours singuliers que les spectateurs viennent rencontrer. Nous poursuivrons cette expérience sur notre prochaine création, « La fierté – d’où vient cet enfant qui parle » ?