Les Larmes de Barbe-Bleue est un spectacle qui résiste à la clarté immédiate. Le sens s’y accumule comme des couches de sédiment qui se constituent peu à peu, aidées en cela par un travail scénographique superbe. Pour tenir l’ambition vaste de ce projet qui fait s’entrechoquer l’opéra de Béla Bartók avec les textes du philosophe George Didi-Huberman, Évelyne Didi incarne sur scène le miroitement ininterrompu des personnages de la fable et les voix narratives des auteurs mêlées. L’esthétique visuelle et musicale qui l’accompagne est un vrai petit bijou, fruit d’un travail très dense qui regorge d’excellentes idées de mise en scène. Il risque presque de s’étouffer, parfois, du trop-plein émotionnel et symbolique qu’il véhicule ; mais il dégage, sans nul doute, une énergie généreuse, forte et belle.