© Julien Weber

Si Kev Adams aurait inventé, selon Yann Moix, « l’humour qui ne fait pas rire », Fary a au moins le don de se marrer lui-même. « J’me fais rire » dit-il d’ailleurs sans vergogne à sa « bande de bouffons. » 2h15 d’un régime humoristique qui se met au diapason de la précipitation médiatique (1h40 indique le programme, mais l’homme assure pouvoir tenir cinq heures sans s’arrêter, heureusement que le technicien lumière à la poursuite soit bien syndiqué). Il compile alors sans aucune transition des micro vignettes satiriques (allant d’Eric Zemmour au demi-frère chinois, en passant par une satire très novatrice de l’accent canadien), vivier supposé des symboles qui tisseraient l’unité latente de notre Hexagone. Ce titre très politique, Fary en souligne explicitement l’audace, lui qui se revendique sans grande modestie comme un chantre de la France contemporaine. Son antipathie très convenue, qui recroqueville complètement sa posture humoristique, empêche en fait toute identification et rend ses envolées noires plus que douteuses. Il faut attendre la dernière demi-heure pour que quelques historiettes personnelles viennent enfin créer du sens car pour l’heure, l’histoire française que Fary croit nous raconter a autant de consistance qu’une story défilante sous nos doigts téléphonés.