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Comment, lorsqu’un spectacle prend pour thème brûlant la “rencontre interculturelle” entre deux êtres que tout oppose, Mahmoud, gay musulman égyptien d’origine nubienne, et Nini, quinquagénaire française de gauche à coupe “de lesbienne” (sic), ne pas être didactique ? En anticipant les clichés, les poncifs, les stéréotypes pour (tenter de) s’en exonérer. C’est le pari de cette petite forme théâtrale, au dispositif minimal (plateau nu, deux chaises, un écran de sous-titres, français et arabe, qui traduit les échanges entre les deux protagonistes). Hélas, se moquer des répliques attendues, jouer les “passages obligés” d’une telle rencontre, ne suffit pas pour dépasser une réalité qu’on s’amuse souvent à caricaturer soi-même. Pourquoi, tant qu’à a faire, ne pas aller plus loin, dire ce que, dans ce genre de circonstances, l’on ose jamais dire, assumer sa part d’inavouables jugements ? Le spectacle reste trop poli, et fait plonger ses sympathiques interprètes, qu’on regrette d’être si peu “exploités”, dans un manifeste pédagogique un peu indigeste.