Après la disparition des langues dont parlait « Lenga », GdRA expose dans « Selve » les difficultés des peuples d’Amazonie à survivre. Leur approche anthropologique fait acte de résistance pour sauvegarder les singularités diverses du monde et décrire les effondrements qui s’accélèrent partout. Tout au long du spectacle s’écoute la parole de Sylvana, Amérindienne wayana vivant dans la forêt amazonienne de Guyane à Taluwen, où elle enseigne sa langue. Si son témoignage filmé, traduit en live, dansé, mis en musique, est d’une justesse absolue, il peut être desservi par une chorégraphie parfois ornementale. C’est toute la question de savoir comment, depuis nos scènes, rendre justice et donner la parole à ceux qui subissent ici des colonisations (évangélistes, orpailleurs pollueurs…) et des drames (ravages causés par l’alcool, suicides des jeunes en série). Mais par la grâce de la présence de Sylvana (qu’on regrette de n’avoir pas en chair et en os sur scène comme prévu initialement) et l’évidente empathique passion de GdRA pour son sujet, le spectacle trouve ses codes et son rythme. Le peuple wayana, « belle personne », s’incarne en une multitude de portraits des proches de Sylvana, nous regardant dans les yeux, forêt vivante qui survit aux attaques répétées contre Selve. Des teintures déroulées, la musique et la voix se marient pour nous inviter dans une explosion de couleurs et de formes à nous pencher sur ces arbres et ces humains qui, loin de nous, à cause de nous, mènent leur bataille pour survivre.
Je suis l’objet de la Terre
Selve