© Jean-Louis Fernandez

Des corps à la fois domptés au métronome et laissés à leur burlesque indomesticable, de l’inouï et de la bonne ficelle : voilà ce que requiert la vaudeville, antiquité bourgeoise par excellence, pour vivre encore. Alain Françon et son théâtre des instants, connu pour rendre chaque dramaturgie à son imprévu et à ses mailles complexes, avait tout pour être un excellent vannier. Ce chapeau reste pourtant cousu de fils rêches : les emplois chaussés par les acteur.rice.s relèvent plus du déguisement hâtif que de l’altération organique, tandis que le rythme boitillant de la représentation linéarise la boucle vertigineuse dans laquelle veut nous entrainer Labiche. Réussie pour sa part, mais peu intégrée à la représentation en raison de la séparation entre musiciens et acteur.rice.s ainsi que du dispositif acoustique trop rudimentaire de la Porte Saint-Martin, la composition de Feu Chatterton sonne davantage comme une bande sonore aplanie que comme une matière rocailleuse et vitalisante. Seul Vincent Dedienne, qui ne cède pas au cabotinage et dons les apartés profitent davantage du présent de la représentation, propice aux nuances, fait réaffleurer l’élan françonien dans ce théâtre empaillé où la complaisance amusée avec certaines répliques (« Va-t’en, ou je te tue ! » dit Fadinard à sa bonne) donne même quelques migraines.