© Noémie della Faille

À quoi bon recroqueviller le vaudeville ? Est-ce pour échapper au spectacle obligé des portes claquantes et des placards louchement occupés ? Est-ce pour redonner aux signes efficaces voire mécaniques du genre, privés souvent de vitalité, une densité et une étrangeté jamais perçues ? Est-ce pour rendre au boulevard quelque chose du poème ? Ce n’est sûrement pas la première fois que le répertoire passe à table – les Shakespeare de Forced Entertainment ont consacré le geste – mais ces expérimentations pré-théâtrales choisissent souvent une œuvre populaire comme matière à retordre. Léonard Berthet-Rivière préfère au contraire un texte méconnu, et pour cause. « Le Mystère du gant », signé du très fictif Roger Dupré, est un embrouillamini dramatique parodiant à souhait les ficelles cocasses et douteuses du vaudeville, ses punchlines historiques, sa veine socio-critique. Sauf que l’exercice des deux acteur.rice.s tourne malgré lui à la méta parodie. Les gags distanciateurs (même si tout est fait « pour faire chier Brecht ») sont effectivement moins des écarts que des poncifs – fausses moustaches qui tombent et s’agglutinent, sèches cheveux héroï-comiques et autres ballons crevés en cachette. La folie de cet ensemble un peu reprisé sonne alors parfois faux. Sans doute que le théâtre belge nous a habitué.e.s à des présences inhabituelles, demandant aux spectateur.rice.s d’aller patiemment cohabiter avec la représentation et non à ce type de proposition plus aguicheuse, qui éteint le rire incongru et l’expérience anti-spectaculaire qu’elle pourrait déclencher en se contentant d’une synthèse amusée du boulevard.