Ah, les voyages…

Binôme 1. La Valise

Binôme

D.R.

Binôme, donc. D’abord son principe. Un auteur rencontre un scientifique de haute volée. Celui-ci lui explique l’objet de ses recherches. L’auteur questionne, s’informe. Cet échange, court, est filmé. L’auteur (il lui est interdit de revoir le scientifique) doit en tirer une pièce de 30 minutes, à trois personnages. Nous voyons des extraits filmés de ce dialogue, assistons à la lecture de la pièce puis observons la réaction, filmée elle aussi, du scientifique à sa découverte.

Dimanche, les protagonistes étaient le romancier et dramaturge Aiat Fayez et Moustafa Bensafi, spécialiste éminent de la perception olfactive au CNRS. Moustafa se montrait d’emblée très sympathique. Pas du tout le genre de type à descendre de son Olympe de chercheur pour nous faire la leçon. Aiat réagissait au quart de tour ! L’échange était donc chaleureux, passionnant. Qu’allait bien pouvoir en faire l’auteur ?

« La Valise » est une pièce troublante. Elle met en scène l’écrivain lui-même (fiction, autofiction ?), qui semble avoir été vraiment déstabilisé par le savant. Entre sa femme, son éditeur, ses voyages à Berlin, il ne sait littéralement plus où il habite. Qui est-il, lui l’exilé ? Il s’achète une valise, métaphore de sa condition. Sa compagne le trompe puis le quitte, humiliation suprême, pour un mec plus âgé.

Quel rapport, me direz-vous, avec l’olfaction ? Patience, patience…

Depuis qu’il est trompé, Aiat sent partout sur le corps de sa femme le fumet de l’autre ! « Est-ce que les cellules olfactives peuvent créer et sentir une odeur qui n’existe pas, simplement sur la base d’une imagination ? »

Cela nous ramène au début : sentir est un fait culturel. On se réfère à la source odorante. C’est la source qui génère l’odeur. Moustafa est tout autant que nous surpris par la pièce… Décidément cette valise nous a fait voyager bien loin !