John Giorno forever

I Love John Giorno

(c) André Morin

(c) André Morin

Icône de la contre-culture américaine injustement méconnu chez nous, ami de William Burroughs, amant d’Andy Warhol, John Giorno fait en ce moment l’objet d’une tentative de réhabilitation grâce à l’artiste suisse Ugo Rondinone.

John Giorno, c’est la poésie beat, l’inspiration des cut-up et du pop-art, une rythmique folle qui prend tout son sens dans le martèlement de phrases qu’on perçoit comme des mantras, signe de sa croyance bouddhiste. Un vieux et beau monsieur qui vous accueille sur 27 écrans dans la première salle de l’exposition, en costume, pieds nus et l’œil qui frise, performant son œuvre la plus dense, la plus folle et la plus belle : « Thanx 4 Nothing », splendide confession d’un homme à l’hiver de sa vie. Au palais de Tokyo, ce 18 novembre, c’était Noël avant l’heure, puisque John Giorno lui-même était présent pour performer son ode à la vie et à la mort. Il faut le voir, le souffle court mais la voix forte, répéter encore et encore « You will find your true love in the end » pour comprendre toute la puissance de Giorno.

John Giorno, c’est aussi un travail d’archiviste minutieux et titanesque, l’équivalent papier des journaux filmés de Jonas Mekas, autre figure connue des amateurs d’underground new-yorkais. Car l’intime est une composante majeure de l’œuvre de John Giorno, ce qu’a bien compris Ugo Rondinone, qui expose, aux côtés de petits films tournés par l’amant terrible Warhol où l’on voit Giorno, nu, fumer une cigarette ou faire la vaisselle, plus de 15 000 documents réunis dans des classeurs à feuilleter. Véritable plongée dans la psyché du poète, on trouve en vrac des photos de famille, des communications, des tracts publicitaires et, bien sûr, des poèmes, des poèmes et encore des poèmes. Il faut voir cette exposition, il faut aimer John Giorno, il faut lui rendre la place qu’il mérite dans l’histoire de la poésie.