Moi est un autre

Cuando vuelva a casa voy a ser otro

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(c) Beniamin Boar

Il n’est parfois pas nécessaire de partir loin pour être un autre soi… Il suffit souvent de se plonger dans les grands romans, ou dans des films-fresques pour être ailleurs, un autre, à un autre moment… Le théâtre, à l’image de ce spectacle, peut s’en inspirer, ou y ressembler.

Mariano Pensotti réussit, en 1 h 20 seulement, à proposer un espace multiple, un spectacle où le temps se démultiplie autant que les personnages et les intrigues. La narration, fleuve, est supportée par une musique qui résonne comme une rengaine thématique. Elle donne à appréhender ce spectacle comme un long voyage : quasi cinématographique dans sa construction, la proposition de Pensotti est peut-être limitée dans l’écho qu’elle peut provoquer chez le spectateur. Le monde n’y résonne pas totalement, c’est là le défaut de sa qualité plastique et essentiellement illustrative. Mais qu’importe cette réserve, cette exploration drôle et sensible du souvenir, du défilement du temps et de son effet sur les attentes et l’identité de chacun aboutit à un spectacle dont la mélancolie sous-jacente côtoie l’optimisme. Il y a un air de « Movida »…

Basé sur des anecdotes, le récit de Pensotti est imbriqué, en puzzle. Il raconte comment le souvenir ou les retrouvailles avec son passé (ou celui d’un autre), par des objets réapparus par exemple, peuvent changer ou altérer la réalité ; ou comment cela peut induire un futur potentiellement différent…

Pour évoquer cette fresque intime, Pensotti use d’une scénographie inventive, faite de vidéos, d’images, d’objets, de rideaux et de tapis roulants ; les comédiens, énergiques et naturels, y déploient beaucoup de savoir-faire, incarnant sans pause de nombreux personnages. Seul bémol, la FabricA est peut-être un lieu un peu trop grand pour ce théâtre dont la proximité avec le public doit être un plus certaine…