Choisi pour illustrer l’affiche de cette 69e édition du Festival d’Avignon, Guillaume Bresson est à l’honneur dans l’église des Célestins, où ses œuvres sont exposées. Des toiles urbaines, presque mystérieuses, invitant à l’imagination et à l’interprétation, côtoient l’architecture gothique du lieu, de ses croisées d’ogives au sol sablonneux. Un décor qui magnifie les peintures de l’artiste, élargissant la structure même des tableaux à leur environnement immédiat et éphémère.
La première impression est déroutante : pas de titre, pas de cartel. Rien ne guide ni ne permet d’entrer dans la démarche. Les toiles, brutes, sont accrochées sur les murs abîmés de l’église. Ce choix est pourtant délibéré et voulu par Guillaume Bresson, qui nuance aussi les éclairages en fonction du sujet de la toile. Car c’est un voyage trompeur que ce parcours à travers les peintures du jeune artiste. Montrant, dans ce qui peut apparaître comme un réalisme radical, des scènes et des éléments quotidiens ou triviaux, les toiles de Bresson écartent la simple illustration de la banlieue ou de la banalité. Par un travail précis sur la composition de ses toiles, sur le contraste entre les mouvements des sujets peints et leur environnement sur la toile – architecture rigide et rectiligne –, sur le contraste entre la vitalité du sujet et le dépouillement qui l’entoure, et par une recherche sur le clair-obscur ou la place de la couleur (dans les toiles plus récentes), le peintre ouvre la lecture de ses œuvres à l’imagination. La narration est ici volontairement laissée en pointillé. La toile n’est en effet plus un témoignage ou une chronique plastique suburbaine, elle fait place à une suspension du temps, ou à un glissement des repères de l’espace. Sa lecture s’en trouve radicalement bouleversée, laissée à l’interprétation ; un questionnement presque métaphysique.