C’est l’histoire d’un mec

S’il se passe quelque chose

©Julien Benhamou

©Julien Benhamou

Ceci n’est pas une pipe. Un one-man-show non plus. Plutôt une sorte d’autoportrait. Mais c’est quoi, un autoportrait ? Ah, donc non, ce n’est pas ça. En fait, c’est le « spectacle d’une solitude ». Bon. Marchant sur le fil de l’absurde, Vincent Dedienne refuse les cases et les mots. Il veut jouer et nous faire « rire dessus » parce que « naître à Mâcon en février 87 de parents inconnus », c’est pas drôle. Reste alors un spectacle, auquel il faut reconnaître une beauté fine assez rare et dans lequel son auteur déplore ce monde où la cote de popularité de Sophie Davant surclasse celle d’un Dieu mort depuis longtemps. Restent aussi des fulgurances rythmiques étonnantes auxquelles il est impossible de ne pas rester insensible tant l’énergie schizophrène du chroniqueur de France Inter est insensée. Mais alors qu’il repart au bout d’une heure et demie aussi nu qu’il était arrivé (un acteur, c’est avant tout quelqu’un qui se livre à son public, comprenez), il reste sur nos palets le sentiment de n’avoir vu rien d’autre qu’un spectacle vacillant entre la nostalgie d’un François Morel (le garçon préférerait Agnès Varda, mais faut pas pousser) et l’énergie surannée d’une Muriel Robin. C’est déjà beaucoup parce que c’est bien fait, mais tous ces mouvements et ce refus du conformisme empêchent parfois de goûter au savoir-faire. Peut-être aurait-il été plus simple d’assumer que cela n’est qu’une suite de sketches qui racontent l’histoire d’un trentenaire joliment triste des déchirures sentimentales de sa vie. Parce que quand on a ce talent et ce vécu, il est dommage de courir après une originalité formelle finalement si dérisoire.