Chevalier perché

Ludwig, un roi sur la lune

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Le charme lunaire de « Ludwig » est un peu trop haut perché. La démarche poétique ici à l’œuvre est à mi-chemin entre une narration illustrée de l’histoire de Louis II de Bavière et un geste artistique plus libre mais relativement décevant. Il apparaît que le fil diégétique n’est qu’un prétexte pour développer des thèmes propres à la mythologie romantique : l’incontournable Nature, l’expérience de l’immensité ou encore le conflit du roi-poète avec les obligations sociales liées à son rang.

Mais cette suite de moments pensifs est lente et lacunaire. La langue, tout d’abord, fait défaut : le texte consiste trop souvent en un amoncellement de phrases nominales voire de phrases-mots. Ces exclamations emphatiques permanentes s’effectuent sur un fil entre sublime et ridicule difficilement tenable. Si la vérité de jeu des comédiens de l’atelier Catalyse est particulièrement touchante, la succession de ces instants poétiques et délicats manque quelque peu de corps.

De même, l’univers musical qui enveloppe et accompagne cette accumulation de scènes pensives et suspensives s’éparpille en citations diverses que l’on peut interroger. Rodolphe Burger et Julien Perraudeau développent un univers de musique pop-rock qui, quoique soigné, achève le détachement définitif vis-à-vis de l’intrigue historique. Trame dont de multiples éléments sont pourtant éparpillés, comme si la rupture vers un geste poétique plus absolu était mal consommée.

Le charme opère difficilement, mais la mise en scène de Madeleine Louarn offre des moments de magie pure, où resplendit, au milieu des fleurs, Ludwig, être de poésie absolu.