« Du futur, faisons table rase ! »

Radio Vinci Park

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« THÉO MERCIER. Toc, toc, toc…

LE THÉÂÂÂTRE (Voix de Guillaume Gallienne). Qui est-ce ?

THÉO MERCIER. C’est moi !

LE THÉÂÂÂTRE. Plaît-il ??

VLAN ! CLING ! BAM !

THÉO MERCIER. Puis merde, fallait m’ouvrir, ça fait vingt ans que j’ te l’ dis ! Eh ouais mon pote, j’ m’en fous d’ ta porte blindée et d’ tes peurs de bourgeois. Je les démonte ! Alors oui, j’arrête de me cacher maintenant, c’est moi… L’Art, le Théâtre, la jeunesse et les envies ! C’est moi, le spectacle pas gentil !

LE THÉÂÂÂTRE. Kof, kof, kof…

THÉO MERCIER. Tu tousses ?? Bah ouais, va falloir s’y faire… Maintenant c’est mon essence contre tes fragrances ! »

Avec cet objet punk qui déboîte les âmes et fend les cœurs comme il en débarque tous les dix ans peut-être, voilà ce à quoi fait penser l’arrivée de Théo Mercier à la Ménagerie de verre. « Pas banal », dirait même Guillaume (Gallienne, NDLR). Ici, oubliez les dorures et le velours rouge : on est debout, dans un parking, ça pue l’essence et un travelo chanteur se trémousse autour d’une moto – allégorie de nos vies merdiques – pendant qu’une « Sonate en ut » jouée en live au clavecin résonne pleine balle dans nos oreilles. Vous voyez le tableau ? Bon. Et vous vous dites que c’est une énième performance débilitante de théâtre contemporain ? Ce n’est pas faux. Pas faux parce que la critique de « nos enfers » est un peu légère et que tous les traits de nos tristesses sont étirés à ce qu’il en reste de plus grossier, donc de moins vrai. Pas faux non plus parce que tout est pensé pour faire de cette pièce l’objet cradingue qui fera mouche dans toutes les bouches et sous toutes les plumes qui disent demain. Voilà. Ce n’est donc pas faux et à la fois totalement. Totalement parce que c’est souvent très beau et parce que sous le Chanel des voisines, ça pue vraiment dans ce parking. Mais surtout totalement faux parce que ce geste de Théo Mercier résonne comme la déclaration d’indépendance d’un illuminé du changement défoncé à l’espoir mélancolique. Et qu’on en a bien besoin.