La danse au cordeau

Available Light

(c) Craig T. Mathew

(c) Craig T. Mathew

On était désolé d’avoir manqué la reprise d’« Available Light », une des pièces chorégraphiques iconiques de Lucinda Childs datant de 1983. On a donc sauté sur l’occasion en apprenant que le Festival d’automne programmait à nouveau le spectacle, on s’est précipité. Et, une fois n’est pas coutume, on n’a pas été déçu d’avoir fait le déplacement.

Lucinda Childs n’est pas seulement chorégraphe, elle est aussi mathématicienne dans l’âme, se dit-on en regardant la dizaine de danseurs qui évolue devant nous. Tout est réglé au millimètre, et on n’a pas assez d’une seule paire d’yeux pour repérer tous les échos, toutes les résonances dans les mouvements de la troupe. Aux boucles chorégraphiques répondent les boucles musicales de John Adams, des boucles si bien dessinées qu’on a l’impression qu’il n’y a ni début ni fin, seulement un mouvement perpétuel et infini.

Au travail sur la verticalité induit par le décor de Frank Gehry s’ajoute un travail sur les diagonales. Le coup de génie de Lucinda Childs, c’est que tout a l’air pensé pendant de longues heures tout en étant absolument limpide pour le spectateur. Peu importe qu’on s’y connaisse ou pas en danse contemporaine postmoderne, « Available Light » est accessible à tous et constitue même un bon point d’entrée vers la danse contemporaine pour les néophytes, un petit miracle qui réunira ceux qui savent et ceux qui ont envie de savoir. On en est ressorti ébahi, avec une soif folle d’en voir plus, d’en voir encore, d’y revenir pourquoi pas, mais de continuer à redécouvrir le travail de Lucinda Childs.