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Dans ce nouvel opus, l’artiste polonaise multicordes Marta Górnicka dit vouloir explorer l’union entre chant et meurtre, hantée par l’image de l’orchestre des camps de concentration. En évacuant (presque) tous les lambeaux de ce qui peut faire théâtre sur le plateau, il reste l’architecture d’un chœur antique contemporain composé d’une trentaine de Polonais de tous âges. Qui sont-ils ? Nous ne le saurons pas, puisque c’est à une communauté qui contraint les individualités et devient immédiatement objet organique unique à qui le public doit faire face. Dans cette forme fascisante, le spectacle n’est pas toujours sur la scène et il faut penser à lever les yeux car la metteur en scène se mue en chef d’orchestre au balcon et dirige de façon militaire ces voix et ces corps sur le plateau. La communication par le mouvement est aussi précise qu’autoritaire et le ballet se compose et se décompose sous les injonctions silencieuses. Les chants patriotiques dénoncent notre mémoire qui s’érode et l’histoire qui n’en finira pas de se répéter, les chuchotements et les cris, les pelotons, les regards pleins de certitude et galvanisés par les slogans nationalistes attaquent sûrement notre petit confort quotidien, cognent contre notre faculté à occulter les replis qui envahissent l’Europe d’aujourd’hui. « Hymn to Love » démontre sans détour la fonction performative du geste ;  Marta Górnicka telle une démiurge venue réveiller nos consciences.