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Par Sarah Masson

Elles sont déjà sur scène à l’entrée du public. Elles sont six, issues du groupe Paradox-Sal, elles sont belles et surtout elles sont fortes. Elles dégagent une complicité désarmante. Puis, le début du spectacle foudroie. Leur regard est à l’image de l’ensemble de la prestation : intense. Entre ondulation et saccades, c’est une sorte de retour à une danse instinctive (et pourtant très technique), au plaisir enfantin des corps qui communiquent. On n’a qu’une envie, c’est de les rejoindre. Leur chorégraphe, Ousmane Sy, a voulu ramener sur scène la house des années 80, puisqu’elle n’est plus dansée en club. Pour cela, il convoque une batterie de styles hip-hop et la culture du freestyle. Les danseuses se jaugent sans jamais se juger, embarquant avec elles leurs émotions, leur sensibilité, leur identité. Du sang de reine, elles en ont toutes. On pense aux reines Méroé, qui pendant 700 ans, dans l’actuel Soudan, étaient au commandes. Une harmonie absolue et juste se dégage du groupe. Le collectif FAIR-E porte bien son nom à double sens (en anglais, « juste, équitable »). Ici, on peut vraiment parler de sororité.

On prend un plaisir immense à les regarder s’amuser, à les entendre respirer, reprendre souffle sur le plateau et en dehors. Car chez Ousmane Sy, l’événement est aussi hors scène. Le salut ce jour-là sera d’ailleurs marqué par une annonce du chorégraphe expliquant que quelque chose c’était passé dans la troupe, les obligeant à revoir toute la chorégraphie. D’où cette danse sur le fil, à laquelle nous avons eu droit, sans que rien ne viennent perturber les reines de Saba.