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Dernière mise en scène de Patrick Chéreau avant sa mort à l’automne 2013, “Elektra” a été créée au festival d’Aix-en-Provence avant de se retrouver, trois ans plus tard, au Liceu de Barcelone (avec Josep Pons à direction d’orchestre à la place d’Esa-Pekka Salonen). Ce spectacle devenu culte repose sur la fusion qu’opère Chéreau entre d’un côté la puissance tragique portée par le mythe orestique, la musique symphonique de Strauss et le livret de Hofmannsthal, et de l’autre la force de l’intime, incarnée par des solistes époustouflants, et notamment la soprano allemande Evelyn Herlitzius dans le rôle-titre.  C’est que comme jamais avant lui, dans un décor très épuré et un jeu d’acteurs à la limite du chorégraphique, l’humanité de ces trois femmes déchirées de l’intérieur, Clytemnestre, Electre et Chrysothémis, n’aura été aussi subtilement et sauvagement magnifiée dans leur dimension opératique. Comme le disait Castellucci à propos de son “Orestie” : ” le corps est toujours voie de sortie et de résolution de l’écriture tragique.”