La voix d’Étienne Minoungou murmure, déclame, chante parfois, une compilation de textes de Sony Labou Tansi, auteur congolais des années 1960 qui, à l’époque, mettait déjà en garde contre le danger que l’homme faisait déjà courir à lui-même. Accompagné de deux musiciens, sous un arbre à palabre imaginaire, près d’un linge qui sèche, le conteur avise, jamais sentencieux, souvent espiègle, du risque de « cosmocide ». La douceur du conteur, qui prend le temps du silence, offre un beau décalage avec la douleur qu’il raconte. On n’évite pas toujours la naïveté et les bons « sentiments-du-spectacle-qui-exhorte-à-changer-l’état-du-monde », mais ne jouons pas les cyniques, et laissons la délicatesse avisée des mots du poète nous imprégner.
Cassandre Calebasse
Si nous voulons vivre