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“Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit”, écrivait Baudelaire. Zabou Breitman, s’appuyant sur Tchekhov ou Shakespeare, nous convie dans un asile où tout le monde a la bougeotte et où l’on ne distingue plus trop bien qui sont les fous des bien-portants. Tout est question de perspective : on est en plein cœur du sujet des travaux de Paul Watzlawick sur la “réalité de la réalité” dans les centres psychiatriques. Ici on ne s’apitoie pas. On ne larmoie pas. Sur un mode de théâtre documentaro-absurde, on observe ces humains – malades comme soignants – condamnés à répéter sans fin des boucles d’existence, à se heurter aux frontières mentales et physiques de l’Autre et aux murs qui les enferment. Malgré tout, reste la possibilité de construire une réalité commune, même éphémère, même fragile. Cette réalité-là, Zabou Breitman et ses quatre jeunes comédiens la livrent avec une belle et déjantée poésie.