C’est un monologue culte et cru, sans ponctuation, celui d’une femme intense, physique, puissante, créatrice de labyrinthes de chair et de paroles. Joyce s’est inspiré de sa propre femme, Nora Barnacle, pour écrire cette invitation au dédale. La comédienne Cécile Morel, forte d’une intense présence physique, s’empare du texte en apportant à celui-ci des modulations de voix, chants lyriques et éructations qui amplifient encore un peu plus la force charnelle de Molly, mais reste un problème : sa mono-expression de hibou dans les phares échoue à rendre compte des variations d’état du personnage. La mise en scène, trop statique, n’épouse pas assez les pulsations dévorantes de vie, de colère, de désir, qui traversent Molly, si bien qu’on a du mal à se perdre dans la convulsion désordonnée de ses courants de conscience.