(c) Margot Dulac

Gnafron, bourru au grand cœur qui sert habituellement de faire valoir à la coqueluche lyonnaise, devient ici le héros de la bastonnade. Comme dans une comédie française des années 1990 où trois vieux garçons héritent d’un couffin mystérieux, un baby globuleux débarque dans le ménage célibataire. La marionnette rougeaude et maladroite ne lui offre au départ que du « pâte de foie » et des litres d’alcool. Mais grâce à Guignol et sa compagne (qui est la seule à oser changer le marmot dans les coulisses cacatoesques du castelet), Gnafron finit par craquer pour ce « colis de chaleur » et entonne une mélodie du bonheur. Ce ménage marionnettique à trois sera vite menacé par une armée d’hommes en noir. Impossible de révéler la suite de l’histoire. Promettons juste à ceux qui rêvent de voir Macron bastonné à l’Elysée qu’ils auront la rétine bien rincée. Avec « Gnafron papa solo », la compagnie M.A. renoue avec l’irrévérence guignolesque. Sa fable satirique et vaguement progressiste décoiffe la vieille couette et les sourcils trop noirs de la légende lyonnaise. Ce guignol d’un nouveau monde, déserté par les gendarmes sympathiques, est un petit théâtre en bois qui résiste aux gaz et aux flash-balls, et qui brandit son bâton en guise de révolution.