C’est un curieux équipage : une insulaire bretonne exilée à Paris, appareillée des deux jambes suite à une folie adolescente, et une grande gigue blonde atteinte d’une maladie orpheline, activiste militante pour le respect de toute forme animale. Ajoutez à ce duo improbable qui agit au présent les engagements communards d’un jeune aristocrate en 1870 qui, à cause d’un imbroglio idéologique des branches de l’arbre généalogique et de douteuses pratiques en temps de guerre, se retrouve être un ancêtre de notre héroïne échouée. Vous voilà au cœur de l’intrigue du dernier roman d’Hannelore Cayre, « Richesse oblige » polar social qui peut s’appréhender comme une version cheap and chic de « Robin des bois » en ville sous fond de lutte des classes et de transactions pétrolières. Ca décoiffe comme les vents têtus des îles oubliées et l’on prend un malin plaisir à voir se détricoter piteusement une dynastie de puissants, vilains capitalistes et pollueurs des mers. Une galerie de portraits farfelus, un sens rieur du mauvais esprit, dans cette histoire d’héritage, ce sont les petites gens qui gagnent et les élites qui broient du noir.