© Filipe Ferreira

Ce choeur, ce sont deux récits individuels qui, de fond comme de forme, ne coïncident jamais tout à fait ; mais aussi un récit commun qui dépasse leur simple agrégation, de sorte que l’on se demande à laquelle de ces trois réalités appartient l’histoire singulière de deux amants. La leur s’est forgée sur un prologue au seuil de la mort – Elle (Alma Palacios), conduite de toute urgence à l’hôpital à la suite d’une grave crise d’asthme, Lui (David Geselon) attendant, impuissant, sa bien-aimée quantique perdue entre réveil et repos éternel. Tiago Rodrigues, recréant, quinze ans plus tard, son spectacle de jeunesse, constitue une mise en abyme rétrospective de ce qui s’y joue : l’impossible recherche d’un temps toujours à venir, celui des changements attendus par l’un ou par l’autre – pour l’un ou pour l’autre –, l’autre étant aussi le futur soi-même, et de la construction, par le langage, d’une synchronicité qui puisse rivaliser avec l’insondable gouffre séparant les êtres. « Le Choeur des amants » est une forme brève, modeste et infiniment aimable, qui rappelle que toutes les histoires d’amour sont d’abord des histoires.