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Imaginons Samuel B. qui après la prise d’une substance douteuse réécrive “Fin de Partie” pour trois personnages. Nous aurions toujours l’éternelle dualité puissant / serviteur mais auquel s’ajouterait la figure post-contemporaine de l’homme « non formaté ». Celui pour qui la nature domine encore la culture, celui qui grâce à des jambes infinies gobe fièrement une société qui n’est pourtant pas faite pour lui. Et pour bien appuyer l’ensemble, la non-histoire de ce trio se déroulerait dans un musée, lieu archétypal des codes et des genres.

La nouvelle création de Martin Zimmermann exploite une fois encore la figure augmentée du clown comme densifiée par la danse qui l’irrigue, et tente de nous entraîner dans une tarentelle entre rires et dénonciation des cadres. La sauce, explosive sur le papier, se lie difficilement sur le plateau. Au-delà de l’esthétique que l’on peut juger clivante, c’est avec peine que l’on suit le propos noyé dans un trop plein de tout qui étouffe l’ensemble. A tant vouloir (dé)montrer, on risque d’occulter l’essentiel ; à l’image de la présence (magnifique) de la musique live qui finit par prendre tout l’espace et n’offre que trop peu de respiration. Et notre souffle vient à manquer sur la durée. Difficile donc pour le spectateur d’y trouver une place et le temps de rêver, malgré quelques morceaux de bravoure des performeurs dans lesquels une forme de poésie peut émerger. Un équilibre qui se trouvera peut-être au fil des représentations, car si les clowns aiment à se perdre ils savent aussi très bien se retrouver.