© Charles Zang

Florence Lavaud a réuni toute une équipe autour d’elle pour redonner vie, après “Songe” avant la crise sanitaire, au personnage de Puck dans “Le Songe d’une nuit d’été”. Tirer Puck de la douce torpeur où il s’était endormi n’était pas chose facile. Si les première minutes peinent à dessiner les contours du personnage créé par Shakespeare, surgissent bientôt, au rythme trépidant de la musique d’Igor Quesada, les mille démons qui ribotent dans l’âme de Puck. La transe à laquelle nous sommes convié donne envie de répondre à la frénésie du personnage par un dérèglement de tous les sens. Jérémy Barbier d’Hiver, qui incarne le héros shakespearien, et Igor Quesada nous laissent parfois reprendre notre souffle et, quand la musique s’apaise, la poésie apparaît à la pointe du doigt que brandit Puck. Les fées volètent autour du plateau, grâce à la belle création lumière de Loris Gemignani, avant qu’Igor Quesada ne pousse à nouveau le fantasque lutin dans les retranchements d’une folie qu’il encourage et accompagne. Le temps semble lui-même pris dans cette transe cyclique, faite de violence et d’apaisement, de montées et de descentes. Tout finit comme cela a commencé et Puck, renonçant à ses rêves, retourne au néant.

Jérémy Barbier d’Hiver a été Puck le temps d’un tremblement, au rythme des riffs de guitare endiablés qui ne sont pas sans rappeler, en cette terre girondine, les grandes heures de Noir Désir. Le comédien et le musicien, portés par le texte des slammeurs Souleymane Dimanka et Marco Codjia, ont retourné la Terre pour nous montrer l’envers du décor, l’extrême horreur et la plus grande beauté, l’extase et la mélancolie inextinguible. Il fallait au moins cela pour faire scintiller l’étoile shakespearienne avant qu’elle ne retombe dans le silence des limbes : « Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement que vous n’avez fait qu’un mauvais somme. »