In Vitro se met à table

Catherine et Christian

(c) Sabine Bouffelle

(c) Sabine Bouffelle

Ce drame familial se déroule sur quatre scènes chorales racontant deux deuils, deux histoires : celle de Christian, puis celle de Catherine. Les comédiens basculent d’une fratrie à l’autre en une seule réplique, emportant le spectateur dans chacune de ces deux familles avec une fluidité maîtrisée et enivrante. Un mot suffit pour que la serveuse timide d’un restaurant devienne sans que l’on s’y attende la plus jeune des trois sœurs, sans transition.

Par une interprétation d’une justesse et d’un investissement remarquables, qui approche le plus possible le réel et l’intime, les acteurs arrivent au point de jonction entre réalité et fiction. Le travail d’improvisation et d’écriture de plateau permet aux comédiens de se réinventer chaque soir, par un jeu d’entrelacement des narrations. Toujours alertes, en tension et attentifs, ils ont entièrement intériorisé la situation. Allant jusqu’à donner leurs prénoms à leurs personnages, ils sèment le trouble et posent la question de la place de l’individu derrière le comédien.

Le collectif invite à assister à une recherche continue sur le plateau. En choisissant de mettre en scène ce laboratoire scénique et d’offrir un traitement naturaliste du sujet, la troupe amène le spectateur à un rapport familier quasi fraternel et l’invite symboliquement à s’asseoir à sa table.

Cette forme de théâtre exploratoire a malheureusement ses limites. Au-delà d’un problème de rythme intrinsèquement lié aux variations de l’improvisation, ce procédé possède une faille dramaturgique.

Si la dramaturgie ici est tenue et précise, son ultraréalisme ne cloue-t-il pas le spectateur dans une banalité frustrante ? On aurait préféré une véritable langue, une poésie, une parole plus travaillée, qui permettrait de sortir d’un simple jeu de miroirs parfois stérile.