La pièce donne envie de s’approprier à son tour la célèbre tapisserie de « La Dame à la licorne » et d’imaginer tout ce que l’histoire de l’art n’a pas encore éclairé.
Gaëlle Bourges partage sa passion : avec ses propres moyens, ceux de la danse, elle décrit une à une chaque partie de ce chef-d’œuvre de l’art médiéval, exposé au musée de Cluny, à Paris. En voix off, tandis qu’elle interprète les sujets de la tapisserie, elle entremêle son vécu personnel et le discours des historiens de l’art pendant 45 minutes. Les anecdotes de la vie personnelle de Gaëlle Bourges allègent le discours scientifique et cherchent à nous convaincre de l’importance de l’érotisme dans cette double recherche, personnelle et historique.
Seul le tableau de l’ouïe, où la jeune femme, vêtue devant, nue derrière, m’a interpellé, par sa subtilité et son érotisme. Subtil, car il fait référence de manière analogique à la question de l’envers du décor. Érotique par le rythme lent du dévoilement des fesses et par le jeu avec l’instrument. Cette scène suffit à notre bonheur, j’aurais pu me passer du reste du spectacle.
Gaëlle Bourges dit s’intéresser aux représentations sociales du corps de la femme. J’ai été troublée par le choix de la nudité des quatre interprètes. Pourquoi choisir en conscience des femmes matures, épilées entièrement, compagnes de théâtre érotique, pour interpréter de jeunes vierges et les animaux de la tapisserie ? Si l’érotisme naît du regard du spectateur, comme l’a dit Gaëlle Bourges en entretien, ce spectacle n’accumule pas de charge érotique à mon sens. La nudité revient souvent en danse avec des intentions différentes, intéressantes à comparer. Celle du spectacle m’échappe.