Me voici

Jonathan Safran Foer, ce génie des lettres américaines, nous offrait en 2017 parmi les plus belles pages de roman de ces dernières années. Évidemment, on a loué le sens des dialogues percutants, incisifs et drôles comme ne peuvent l’être que les causes désespérées, on a suivi avec compassion et dérision cette déchéance familiale reliée à celle de la terre d’Israël étrangement autant fantasmée que quotidienne, mais rien n’était aussi viscéral que ce discours prononcé par une mère le soir des noces de son fils. Cinq pages dans la version de poche qui marqueront nos esprits et nos larmes à jamais ; lumineux d’intelligence, d’une profondeur nostalgique sans fond et sans fin, ces mots sont adressés à nous tous qui tentons de croire à une rédemption : « Dans la maladie et dans la maladie. C’est ce que je vous souhaite. Ne cherchez pas et n’espérez pas de miracles. Il n’y a pas de miracles. Il n’y en a plus. Et il n’y a pas de remède pour les blessures qui font le plus mal. Le seul médicament consiste à croire dans nos douleurs réciproques et à être là pour y faire face. » La chute du discours est un trésor, le rire venant subitement renverser tous les vents mauvais et remettre la réalité à sa place, c’est-à-dire très loin du cœur. Nous aussi, en France, en Suisse et partout où les créations nous portent, nous souhaitons croire les douleurs et partager les rires des artistes, être là, au chevet des fêlures, compagnons bienveillants, veilleurs.