Quelle belle idée que cette image de la ruine dont le baroque a fait son culte. Malheureusement depuis que l’Histoire a fait son entrée sur les scènes par le truchement du Trauerspiel, il faut bien admettre qu’elle a perdu de sa superbe et que les débris de l’ancien se trouvent souvent assimilés à ce qui reste parfois une réalité : la pente d’un inéluctable déclin. Comme une invitation à lutter contre cette tendance, « Tours d’Horizons » s’affiche alors en gardien du Temple et vous offre un festival en forme de leçon dont la substance reviendrait à redorer le blason de la danse en montrant à son public que l’hier n’est jamais mort tant qu’un présent existe pour mieux le féconder. A rebours de cette idée d’une société dont la qualité se jaugerait à l’aune de sa capacité à disrupter le présent par l’innovation de tout et la création du rien, vous pourrez ainsi écouter les belles paroles de Gaëlle Bourges, qui cherchait il y a peu à « mesurer physiquement ce qu’il nous reste » de l’histoire des représentations, en assistant un autre jour à ce que Valeria Giuga puise dans la vie de Gertrude Stein pour faire création et preuve de liberté. Le passé comme une leçon, donc, mais aussi comme un présent possible, car ici ces grands chorégraphes aux gestes que rien ne définit d’autre que l’aujourd’hui se projettent dans le temps pour créer avec sagesse un maintenant vivable… Nous prouvant ainsi par le geste dansé que les secondes qui passent aujourd’hui ne sont rien d’autre que ce que les tremblements de terre que nous vivons chaque jour sont à ceux du passé : une réplique du temps jadis.