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Il est instructif de voir une compagnie s’emparer, en même temps, de deux textes du même auteur, réussir sur l’un et échouer sur l’autre. Les Fondateurs ont donné à Genève un “Dom Juan” moderne, juste, délectable, ils doublent avec un “Tartuffe” poussif dans lequel ils ne trouvent pas le bon ton ni le bon rythme. La proposition d’entrée/sortie dans le texte et la fiction grâce à la mise en scène du « théâtre en train de se faire sous vos yeux » crée un décalage où cette fois le sens paraît maigre. Cela donne un spectacle occasionnellement drôle mais décoratif et sans émotion. Le vrai sujet de “Tartuffe” c’est l’histoire de la folie d’un homme, Orgon. Ce dernier pousse son aveuglement (volontaire) jusqu’à des limites insensées. Ce n’est pas une farce, c’est un drame violent et une fable morale. Sans doute aurait-il fallu, pour en donner à voir la cruauté, donner le rôle Orgon au génial François Herpeux, qui malgré sa diction décidément perfectible, parvient avec Aurélie Pitrat en Elmire et la piquante Mélanie Foulon en Mariane, à créer malgré tout quelques étincelles.