Et fin !

La Suite

(c) Ilanit Illouz

(c) Ilanit Illouz

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, quand je lis par exemple au hasard d’un programme « Le rapport à la lecture est composé de tout ce que nous avons traversé, de ce qui nous a précédés, c’est de l’intime, comme le rapport au corps ou à la sexualité », j’ai instinctivement tendance à regarder si la porte de sortie est proche et s’il m’est possible de quitter la salle sans trop d’embarras.

Hélas, ce soir-là, j’étais au milieu du rang, et (lâcheté ou conscience professionnelle, comme on voudra) je suis resté vissé sur mon siège. Premier constat : deux heures, c’est long ! Même avec un entracte d’un quart d’heure, quand on ne sait pas vraiment ce qu’on voit, et surtout qu’on n’en voit pas l’intérêt, c’est bigrement long ! On se prend alors à reluquer (en tout bien tout honneur, cela va sans dire) ses malheureux camarades d’infortune : des adolescents pour la plupart cernés ici et las par quelques vigiles… pardon, leurs professeurs ! Ça rit de temps en temps, ça jette des regards complices à ses copains, ça s’envoie des textos.

Comme ce n’est guère palpitant non plus, on jette, presque malgré soi, un œil sur la scène : il y a là trois comédiens, un danseur. Tout ce petit monde ne démérite pas, le danseur est même excellent. Bref chacun fait ce qu’il peut sous le regard omniprésent du metteur en scène… qui se trouve être aussi l’auteur, et c’est bien là le problème ! Car c’est bien joli de vouloir faire une pièce (une trilogie, toutes mes excuses !) sur le rapport que chacun entretient avec la langue et l’écrit ! Encore faudrait-il ne pas enfoncer des portes ouvertes et se perdre dans les méandres d’un texte filandreux !

L’auteur doit bien s’en douter d’ailleurs, puisqu’il nous prévient : « Je vais essayer de parler des choses sans en parler. » Et avant ou après, je ne sais plus : « Bon, il est quelle heure ? » Machinalement j’ai regardé ma montre, et comme nous étions au cœur de Paris, je me suis dit qu’il était encore temps d’aller prendre un verre !