Ô vieillesse ennemie

Les Résidents

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« What a feeling? » questionne Irene Cara à la radio alors qu’à l’écran de petits vieux errent dans une maison de repos. « Nostalgiiiiiiie », répond l’image suivante. Les premiers instants de la pièce d’Emmanuelle Hiron débutent par la première partie de son documentaire sur ceux qu’elle appelle « les résidents » : ces petits vieux des maisons de retraite.

À partir du témoignage de Laure Jouatel, médecin gériatre, et en la suivant dans son travail pendant plus d’un an auprès des « résidents », Emmanuelle Hiron a mis en place une pièce documentaire, qui alerte, révèle, prévient sur la vieillesse et les maisons de repos. Sans détour, sans poésie, sans misérabilisme ou sentimentalisme, la comédienne incarne les propos du médecin qu’elle a recueillis. Elle les interprète face public entre quelques séances de projection de son documentaire où les « résidents » évoluent au gré d’un quotidien répété inlassablement. Un quotidien que l’auteur explore, de manière neutre, entre soins, accompagnement, bienveillance. Dans le discours pourtant, Emmanuelle Hiron pointe le paradoxe de notre société : un monde où l’on vieillit davantage mais où l’on ne parvient pas, malgré la qualité des personnels accompagnants, à conserver une qualité de vie pourtant essentielle à la dignité humaine.

Brisant l’un des tabous les plus prégnants – la vieillesse, la fin de vie –, Emmanuelle Hiron livre un exposé brut, préférant le discours de vérité à la théâtralisation du propos : entre témoignage et conférence, « Les Résidents » s’adresse à nous avec la force de la sincérité et l’autorité de la justesse.